Le gouvernement conservateur britannique soumet présentement à la Chambre des communes un projet de loi sur le renseignement qui donnerait de nouveaux pouvoirs à la police, et ce, à la demande de cette dernière.  Parmi ces pouvoirs, le droit d’accéder à l’historique de navigation internet de tous les Britanniques.

Selon le Times, des hauts-gradés de la police ont fait pression sur le gouvernement afin qu’il contraigne les compagnies de télécommunications à conserver pendant douze mois l’historique des sites consultés par les internautes.

Les policiers veulent obtenir le droit d’accéder à ces informations concernant les sites internet consultés et les applications web utilisées par les citoyens dans le cadre de toute enquête, qu’elle concerne un suspect ou une personne disparue.

Scotland Yard estime qu’à notre époque, il s’agit d’un pouvoir essentiel à la tenue d’enquêtes vu le volume de transactions et d’activités en ligne.

Comme le rapporte Le Monde :

« Nous avons essentiellement besoin des “qui, où, quand, et quoi” de chaque communication », a précisé Richard Berry, un porte-parole de la police, dans les colonnes du Times« Qui l’a initiée, où étaient-ils et quand cela a eu lieu. Et un petit peu de “quoi”, est-ce qu’ils étaient sur Facebook, sur le site d’une banque, ou sur un site illégal de partage d’images pédophiles ? »

 

Que reste-t-il de notre vie privée?

Il va sans dire qu’il est très intrusif de permettre aux autorités policières d’accéder au contenu des historiques de recherche et des messages envoyés par les internautes.  Cela soulève des questionnements quant à ce qu’il reste de privé dans nos activités virtuelles et sur ce que nous pouvons faire pour protéger notre intimité.

En effet, dans la mesure où les entreprises de télécommunications doivent conserver ces données nonobstant la possibilité «d’effacer» lesdits historiques ou messages, les internautes n’ont pas de contrôle sur ces données ni la faculté d’abdiquer le contrôle sur ces données.

Connaissant le goût des Britanniques à la fois pour la discrétion et pour l’excentricité, les débats en Chambre vont certainement retenir l’attention!

 

Et qu’en est-il au Canada?

La loi antiterroriste adoptée en 2015 par le Parlement canadien, plus connue comme Projet de loi C-51, porte elle-aussi atteinte à la vie privée de façon substantielle.  C’est ce qu’affirmait Daniel Therrien, le Commissaire à la protection de la vie privée du Canada, dans une lettre ouverte datée du 6 juin 2015 :

«Cela dit, l’histoire nous a montré que de graves violations des droits de la personne peuvent survenir au nom de la sécurité nationale. Une commission d’enquête a d’ailleurs confirmé que la communication d’information au nom de la sécurité nationale a entraîné la torture de Maher Arar, un Canadien d’origine syrienne. En outre, les révélations du dénonciateur américain Edward Snowden ont démontré que les programmes gouvernementaux de surveillance peuvent devenir très envahissants.»

 

En conclusion

Au Royaume-Uni comme au Canada, les forces de l’ordre ont un accès croissant aux renseignements personnels de leurs citoyens, ce qui devrait susciter chez eux de l’inquiétude même s’ils n’ont rien à cacher.  En effet, l’absence de contrôle sur ces données et l’absence de faculté de renoncer au contrôle de ces données représente une grave atteinte à la vie privée.  Pourquoi?  Parce que ces renseignements sont privés, confidentiels, intimes.

À tout hasard, prenez garde à l’objet de vos recherches en ligne, aux sites internet que vous consultez et à ce que vous écrivez dans vos messages électroniques!